Diane Woolf

La jeune femme marchait, traînant une lourde valise à roulettes derrière elle. Un bus venait de la déposer non loin de l'allée sinueuse indiquée sur le prospectus qu'elle tenait dans sa seule main libre. Elle s'arrêta, fatiguée de son long voyage, qu'elle avait effectué de nuit. Diane cala sa valise contre une borne et bailla à s'en décrocher la mâchoire. La fatigue la tenait, mais elle ne pouvait s'arrêter en plein milieu d'une route, surtout à cette heure-ci ! En effet, la montre de Diane indiquait cinq heures du matin. Elle tourna la tête, et elle aperçut un magnifique spectacle que la nature lui offrait, et Diane, à cette heure tellement tardive qu'on pourrait maintenant qualifier de matinale, l'accepta avec plaisir. Au loin, le ciel se teintait de rose, de violet, d'or et de bleu : le soleil commençait à peine à se lever. La jeune femme resserra le châle qu'elle portait sur ses épaules refroidies. Au dehors, le froid matinal de cette nouvelle journée lui piquait le visage et elle s'en doutait, était en train de faire rosir ses oreilles ainsi que le bout de son nez.

Diane abandonna l'observation du lever de soleil pour pousser sa valise et s'asseoir. Lorsque ses fesses touchèrent le ciment froid et dur de la borne, elle poussa un long soupir, et un second baillement la fit pester haut et fort. Sa voix résonna dans l'air, et les oiseaux qui auparavant chantaient avec entrain s'étaient tus. Consciente que son juron avait fait beaucoup de bruit, elle se tut, portant à nouveau son attention sur le lever du soleil.
Elle adorait cela. Les choses simples de la vie avaient toujours contribué au bonheur de la jeune irlandaise. Enserrée dans son châle qu'elle avait sorti de ses bagaes pour la nuit à passer dans le bus, elle remit quelques mèches de ses cheveux châtains en arrière. Diane ne sut combien de temps elle resta là, à observer le soleil se lever. Elle ne détourna son regard que lorsque le soleil fut suffisament haut pour l'éblouir. Le coup de fatigue passager étant passé, elle décida de reprendre la marche pour arriver à l'école. Elle regarda sa montre : sept heures et demi. Diane observa le chemin tortueux bordé d'arbres, las rien que de penser à la marche qui l'attendait. L'irlandaise se releva, soupira, et saisit ses bagages de la main gauche, se fiant toujours au plan de la main droite. Puis elle se mit à marcher d'un pas qui se faisait traînant.

Elle marchai ainsi depuis vingt minutes, avant de tomber sur une imposante grille noire, en parfait état. Elle cala ses bagages debout et s'approcha encore un peu plus. Elle promena son regard sur les murs qui soutenaient la grille. Rien. Pas un interphone, pas une sonette. Comment allait-elle rentrer ? La jeune femme n'hésita pas longtemps. Du bout des doigts, elle poussa la grille, qui s'entrouvrit. Un sourire apparut sur les lèvres gercées par le froid de la jeune femme. Elle trottina jusqu'à ses bagages, les saisit cette fois de ses deux mains et poussa à fond la grande grille noire, qui pesait tout de même son poids. Diane marchait d'un pas vif sur une allée de gravier. De magnifiques bâtiments se dressèrent devant elle. Tout en marchant, la jeune femme les regarda. Elle ne faisait plus attention à l'endroit où elle marchait. Les chaussures en toile qu'elle portait étaient imbibées d'eau : la jeune irlandaise ne s'était pas rendue compte qu'elle marchait sur une pelouse parfaitement entretenue, d'un vert tendre, bien dense et fraîchement coupée. Lorsqu'elle sentit l'eau refroidir subitement ses orteils, Diane se raidit et baissa tout de suite la tête. Elle fit un petit bond de côté afin de se retrouver sur les graviers, qui faillit lui coûter une belle chute dans l'herbe mouillée. Râlant une nouvelle fois, elle se dirigea vers une porte en bois sombre, qui semblait être l'entrée principale de cette école.

Avec à la fois de l'appréhension et de la curiosité, Diane poussa la lourde et grande porte. Elle jeta un petit coup d'oeil à l'intérieur, histoire d'éviter d'être ridicule. Lorsqu'elle reconnut un guichet, un large sourire éclaira son visage fatigué et elle entra.
Une fois de l'autre côté, elle posa ses bagages un peu plus loin et referma la porte avec douceur, en silence. Elle se retourna et au guichet, elle vut une vieille femme qui semblait très absorbée dans sa tâche. Diane jeta un bref coup d'oeil à ses bagages et partit vers le guichet. Lorsqu'elle y parvint, elle appela la secrétaire d'une voix aimable :

- Bonjour. Je suis une nouvelle élève : Diane WOOLF. J'ai rendez-vous avec la directrice pour huit heure et quart. Vous pourriez m'indiquer où se trouve son bureau ?

Lorsque la secrétaire leva le regard en direction de Diane, celle-ci eut l'impression de passer aux rayons X. La vérification terminée, elle tourna les pages d'un registre, promena son doigt parcheminé sur des lignes écrites à l'encre noir, puis elle lui indiqua le chemin d'une voix morne, apparement fatiguée et agacée :

- Laissez vos bagages ici, on va les monter pour vous. Votre chambre est déjà réservée et prête pour vous. Le bureau de la directrice se trouve en haut de l'escalier. Première porte sur votre droite.

- Merci, merci beaucoup.

Diane fut enchantée rien qu'à l'idée d'abandonner ses bagages. Elle marcha d'un pas vif jusqu'à l'escalier. L'irlandaise le monta avec excitation et angoisse. Lorsqu'elle se retrouva devant la porte indiquée par la secrétaire, elle pouvait voir une plaque où était inscrit "Bureau de Mme la Directrice". La jeune femme hésita quelques secondes, et avec son poing elle frappa à la porte...